
Et rebelote. Alors qu’en janvier, la France a réussi à obtenir de l’Allemagne qu’elle reconnaisse comme « durable » l’hydrogène produit à partir d’électricité nucléaire, aux côtés des énergies renouvelables, les négociations tombent à nouveau au point mort. En effet, jeudi soir, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a réuni des journalistes afin de leur signaler qu’à Bruxelles, la position de l’Hexagone se heurte toujours à des résistances fortes malgré le deal entre le chancelier Olaf Scholz et Emmanuel Macron. « Derrière les accords politiques, les négociateurs allemands manifestent encore un refus net face aux propositions françaises dans les discussions à huis clos », précise à La Tribune une source proche du dossier. Un énième rebondissement dans une saga longue de plus de deux ans, signe que les positions divergent fondamentalement en Europe sur la question de l’avenir de l’atome. Au point d’être irréconciliables ?
De fait, dans ce dossier aussi épineux que crucial pour la transition énergétique, chacun campe sur ses positions. Paris, aux côtés de huit autre pays (Roumanie, Bulgarie, Pologne, Slovénie, Croatie, Slovaquie, Hongrie, République tchèque), milite pour que le courant abondant et décarboné issu de ses centrales nucléaires puisse être utilisé pour produire de l’hydrogène étiqueté « vert », lequel sera arrosé de subventions par l’UE. Mais Berlin, qui promet d’atteindre un mix électrique 100% renouvelable d’ici à 2030, compte, lui, ranger l’atome aux côtés des hydrocarbures, malgré son faible impact sur le climat. Et refuse par conséquent de qualifier de « durable » l’hydrogène généré à partir de la fission de l’uranium, tout comme le Danemark, l’Autriche et les Pays-Bas.
Une position « climaticide » selon Agnès Pannier-Runacher
Le sujet doit pourtant être réglé rapidement, dans le cadre de la directive sur les renouvelables (REDIII) actuellement discutée entre des représentants du Parlement européen, du Conseil et de la Commission. Mais les échanges préparatoires entre pays membres « ne prennent pas une tournure satisfaisante », et risquent d’aboutir à « imposer des objectifs qui ne tiennent pas compte des réalités des Etats-membres ayant déjà décarboné leur électricité [avec du nucléaire] », s’alarme-t-on dans l’entourage d’Agnès Pannier Runacher. Ce qui serait « climaticide », a même lâché à la presse la ministre tricolore de la Transition énergétique, déterminée à ne pas relâcher la pression sur la dernière ligne droite.
« L’ennemi c’est le CO2, pas le nucléaire. C’est lamentable qu’on n’arrive pas à faire passer cette idée, alors que ce sera nécessaire pour rester dans le jeu industriel face aux Américains et aux Chinois, et pour combattre le réchauffement climatique », estime Philippe Boucly, le président de France Hydrogène, qui fédère les acteurs de la filière française.
Il faut dire que l’exécutif et la filière tricolore ont de quoi être surpris. Car dès le 24 novembre, dans un accord ratifié avec la Première ministre française, Elisabeth Borne, Olaf Scholz reconnaissait l’importance de l’hydrogène « bas carbone », qu’il soit d’origine renouvelable ou nucléaire. Deux mois plus tard, le chancelier signait même avec le président français, Emmanuel Macron, une déclaration commune de très haut niveau remettant en avant ce principe.
Compromis politique non suivi d’effet
Et celui-ci comportait, bien sûr, une contrepartie. En échange, l’Hexagone devait lâcher du lest sur une demande pressante de Berlin : celle de déployer un réseau transeuropéen de pipelines d’hydrogène passant nécessairement par la France, jusqu’ici réticente. Début décembre, Paris avait d’ailleurs lié un accord similaire avec l’Espagne à Alicante, afin d’obtenir là aussi le soutien du pays dans les négociations sur l’hydrogène « durable » issu du nucléaire. Et ce, contre la construction d’un tuyau de transport de l’hydrogène entre Barcelone et Marseille, baptisé H2Med et voulu par Madrid et Berlin. Car sans nucléaire pour produire localement ce vecteur énergétique, l’Allemagne compte l’importer massivement à bas coût, notamment depuis la péninsule ibérique ou le Maghreb.
« Berlin sera partie prenante dans H2Med, et a d’ailleurs obtenu de la France un autre projet de pipeline, Hyphen, visant à relier Marseille jusqu’à l’Allemagne en passant par la vallée du Rhône », explique un connaisseur du secteur.
C’est donc ce compromis éminemment politique dont plusieurs Etats membres, parmi lesquels l’Allemagne, semblent faire fi lors des discussions en cours. « On pensait qu’un point d’entente était trouvé. Mais les communiqués ne sont pas toujours suivis d’effet », souffle Philippe Boucly.
« Les Espagnols se montrent eux aussi réticents à l’idée d’inscrire dans REDIII que l’hydrogène issu du nucléaire sera “durable”, malgré les accords de ces dernières semaines. Ils s’y opposent moins fermement qu’outre-Rhin, mais les négociations ne sont pas non plus faciles », note d’ailleurs un proche du dossier ayant requis l’anonymat.
Un revirement « pas acceptable », estime-t-on dans l’entourage d’Agnès Pannier-Runacher, alors que la France n’a pour l’instant pas remis en cause sa volonté de remplir sa part du contrat. Et compte toujours sur ses voisins européens pour en faire autant.

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Lien source : Hydrogène issu du nucléaire : les fourberies de Berlin